Discours de KIRA à l’occasion de la manifestation de plaidoyer en faveur des JFAM

Bamako le 1er juillet 2017

Un autre regard sur les jeunes filles aide-ménagères dans nos familles !

Mais quel est donc ce regard que les autres portent sur elles :

De pauvres broussardes qui ne connaissent rien à la ville ; elles sont mal habillées et ne savent même pas faire le ménage et la cuisine correctement ; elles sont méprisées et moquées.

Pourtant se sont-elles qui sont levées les premières pour chauffer l’eau de la toilette des membres de la famille, se sont-elles qui lavent la vaisselle, le linge, qui nettoient et font tout ce que les autres ne veulent pas faire dans la maison, se sont encore elles qui rangent et sont les dernières couchées.

Un maigre salaire, des injures, une nourriture parfois insuffisante et un couchette précaire sur la terrasse récompense leur dur labeur…

Vous trouvez ça juste ?

 Vous enfants parlementaires, vous amis des KIZITO, vous jeunes scouts ou jeunes pionniers, vous enfants des familles urbaines, vous trouvez ça juste ?

 Et vous parents, employeurs de ces filles, accepteriez-vous que vos filles soient traitées ainsi ?

Bien sûr que non !

 Pourtant la présence de ces filles nous arrange bien tous ; elles nous déchargent des corvées, elles nous permettent de vaquer à des occupations à l’extérieur. C’est grâce à elles que nos enfants trouvent à manger en rentrant de l’école. Sans elles nous sommes dans l’embarras.

Alors reconnaissons leur valeur et traitons-les avec respect.

 De plus elles sont très jeunes et n’ont pas eu la chance d’avoir une solide instruction. Au lieu de les mépriser donnons-leur une chance d’apprendre quelque chose pour leur vie.

Elles accomplissent un travail et comme tout travailleur elles ont des droits.

 Chers grands logeurs et membres de structures de placement ou d’orientation, la protection des aides ménagères dépend aussi de vous. Pour orienter des filles au travail, vous devez tenir compte de leur âge ; pas de filles de moins de 15 ans en emploi !

Elles doivent être préparées à ce travail, acquérir les compétences nécessaires ; il faut les placer dans un travail qu’elles savent faire.

Assurez-vous aussi de la moralité des personnes chez qui vous placez ces jeunes filles, elles sont encore des enfants.

 Autorités du Mali, cher Ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, cher Directeur National de l’enfant et de la famille, chers Inspecteurs du Travail, chers responsables des services déconcentrés de l’Etat ;

Le Mali a été l’un des premiers pays à se doter d’un Code de protection de l’enfant et aujourd’hui, un vide juridique existe.

Le Code du travail pourrait améliorer la protection des aides ménagères par la ratification de la Convention 189 de l’OIT ; à quand cette ratification qui garantirait un travail digne pour les aides ménagères ?

 Chères jeunes filles aide ménagères, vous êtes venues en ville, portées par l’espoir d’une vie meilleure, l’ambition de gagner un peu d’argent qui vous permettra de constituer votre trousseau de mariage et d’aider votre famille. Vous pouvez réussir, c’est possible, ne vous découragez pas !

Certes vous avez des droits mais en tant qu’employées vous avez aussi des devoirs que vous devez connaître et respecter.

Vos employeurs ont des attentes, vous avez des attentes ; vous avez donc besoin les uns des autres, c’est une chance pour les 2 parties.

Construire de bonnes relations dans un respect réciproque et le respect du droit sont les garanties de bonnes relations de travail et de satisfaction pour les deux parties.

 Chers amis les enfants, aides ménagères, enfants parlementaires, amis des KIZITO, jeunes scouts ou jeunes pionniers, enfants des familles urbaines vous êtes concernés. Vous pouvez dire non aux injustices et vous impliquer pour les réduire à l’école, en famille, au quartier ; vous n’êtes pas trop jeunes pour construire de nouvelles solidarités.

Quel monde voulez-vous pour demain ? celui de la peur et de la loi du plus fort ? certainement pas !

L’avenir vous appartient alors agissez pour que cela change et engagez-vous pour la paix au Mali.

 

Elisabeth Munsch                                                                 

Chargée des projets